Quels sont les secrets de fabrication d'un parfum naturel ? Nous allons en voir ici les grandes étapes...
Pour savoir ce que veut précisément dire "naturel", aller ICI !
Un parfum est un mélange homogène de deux parties complémentaires : le concentré de parfum d'une part, et une matière de dilution (ou véhicule) d'autre part. Explorons plus en profondeur chacun de ces éléments...
Le concentré de parfum est un assemblage d'ingrédients purs, résultant de la créativité du parfumeur. On l'appelle également "base parfumée", ou encore "jus". Il constitue le principe odorant du parfum. La réalisation du concentré est la première étape de la fabrication d'un parfum naturel ou bien conventionnel (le procédé est le même !).
Parmi les ingrédients d'un concentré de parfum figurent les extraits naturels. Il s'agit de complexes : mélanges de dizaines voire centaines de molécules. On y retrouve les huiles essentielles, les absolues, les extraits CO2 (voir ci-après)...
On y compte également des molécules simples, issues de ces mêmes extraits naturels ou bien obtenues par voie de synthèse artificielle (si parfum conventionnel).
Enfin, on trouve aussi des molécules issues de fermentations microbiennes. Dans la parfumerie classique, les molécules de synthèse sont omniprésentes, voire hégémoniques, laissant à la portion congrue les extraits naturels.
=> À Poésie Parfumée, je fais le choix de n'utiliser que des extraits naturels ou des molécules directement issues de ceux-ci.
Voici les principaux types ingrédients utilisés en parfumerie naturelle, à savoir les mêmes
que ceux utilisés en parfumerie classique, exceptées les molécules de synthèse :
Les huiles essentielles sont obtenues en distillant les végétaux, à chaud. Deux procédés impliquant l'eau sont les plus utilisés et ne diffèrent que par leur début. La première méthode consiste à plonger dans une cuve fermée la matière première végétale dans un bain d'eau mise à ébullition. Il s'agit de l'hydrodistillation (ou HD).
L'autre méthode dite par entraînement à la vapeur d'eau (EVP), consiste à placer dans ce même type de cuve les plantes dans un panier au-dessus (et non plongées dans) de l'eau mise à ébullition.
Dans les 2 cas, la chauffe cause alors la formation de vapeur d'eau qui entraîne avec elle les molécules odorantes, de nature volatile, à travers un col de cygne. Ce dernier se prolonge en un tuyau (serpentin) s'enroulant au sein d'une cuve de refroidissement, remplie d'eau froide (cf. schéma ci-contre). Cela a pour effet de refroidir la vapeur aromatique et chaude circulant dans le tube, l'amenant à se condenser. Le liquide résultant finit par s'écouler dans un essencier, un récipient prévu à cet effet. Ce système permet de recueillir 2 phases par différence de densité. L'une, huileuse, plus légère, se retrouve au-dessus : c'est l'huile essentielle. L'autre, aqueuse, plus lourde, se retrouve en dessous : c'est l'hydrolat (eau florale si une fleur est distillée).
Ex. : lavande, patchouli, menthes, hélichryse, géraniums, sapin blanc...
Les essences sont obtenues par pressage à froid du zeste des agrumes, à l'occasion de la récolte de leur jus. L'essence est séparée du jus au cours du processus par différence de densité de ces deux phases.
Ex. : citron, pamplemousse, bergamote, orange, yuzu...
Les HE et les essences sont les extraits les plus utilisés dans la fabrication d'un parfum naturel.
Les hydrolats (ou eaux florales s'il viennent d'une fleur) sont des eaux comportant des traces d'HE. Comme dit plus haut, ils sont produits en même temps que l'huile essentielle, durant le processus de distillation. Les hydrolats servent aussi souvent dans la fabrication d'un parfum naturel, où ils servent à ajuster le degré alcoolique du parfum, tout en apportant plus de rondeur ou de finesse. Beaucoup moins concentrés qu'une l'huile essentielle, ils sont plus doux et peuvent donc être utilisés avec plus de souplesse pour un usage thérapeutique, voire alimentaire.
Ex. : bleuet, rose, fleur d'oranger, hamamélis, géranium...
Dans tous les cas, pour obtenir une concrète ou un résinoïde, la matière végétale est plongée dans des cuves. Là, elle va macérer dans un solvant organique au fort pouvoir d'extraction (hexane le plus souvent). Les végétaux ainsi "épuisés" (extraits au maximum) sont ensuite retirés et de nouveaux sont ajoutés dans le solvant puis à nouveau filtrés. Ainsi de suite jusqu'à saturation du solvant en extrait odorant. Le liquide ainsi chargé est une dernière fois filtré puis placé dans des conditions de vide poussé, pour évaporer tout le solvant. Il reste alors un pâte plus ou moins solide, chargée notamment de molécules odorantes. On y trouve également des pigments, ainsi que des cires végétales qui pourront, voire devront être éliminées par la suite.
En fonction de l'état de la matière première utilisée, cette pâte prend différents noms. Elle est appelée concrète si obtenue à partir d'une matière première fraîche : pétales frais, feuilles fraîches... Sinon, elle prend le nom de résinoïde si la matière première est plutôt sèche : écorce, graines...
Du fait de sa composition riche en cires, ces types d'extraits servent surtout dans la fabrication d'un parfum naturel à base huileuse. En effet, ces composés sont insolubles dans l'alcool.
Ex. : concrète de mimosa, de rose... résinoïde de styrax, benjoin...
Tout d'abord, une concrète (ou un résinoïde) est mélangé dans de l'éthanol à chaud, dans une batteuse. Ensuite, le mélange est mis à refroidir. Par conséquent, les cires présentes (parfois plus de 50% de la concrète ou du résinoïde), se solidifient. Puisqu'elles causent de l'instabilité dans un parfum, le mélange est filtré pour les éliminer. Il est ensuite placé sous vide pour évaporer l'éthanol. Il reste alors un extrait odorant plus concentré que l'initial car débarrassé d'une bonne partie de ses cires. Les absolues sont donc des extraits plus utilisables pour réaliser des parfums alcooliques.. À la différence des concrètes et des résinoïdes qui pourront uniquement être utilisés pour fabriquer des parfums solides.
Les absolues sont, avec les huiles essentielles, les ingrédients les plus utilisés dans la fabrication d'un parfum naturel.
Ex. : rose, jasmin, osmanthus, feuilles de violette, tonka, cassis...
Ce type d'extrait est moins connu et répandu que les précédents. Pouvant donner des extraits proches des huiles essentielles, ils sont considérés comme étant généralement plus qualitatifs que ces dernières car plus riches et plus fidèles à la matière fraîche d'un point de vue olfactif que nos bonnes vieilles HE.
Leur obtention nécessite la circulation, cette fois non pas de vapeur d'eau mais de CO2 dans un état particulier, entre un gaz et un liquide : l'état supercritique. Des conditions de haute pression et de relativement basse température (30 à 40°C) sont nécessaires pour atteindre cet état. Ce CO2 se faufile à travers les cellules de la matière végétale dont il capte les parfums. Il continue son parcours dans un circuit où il subit des modifications de conditions de température et de pression.
Redevenant alors gazeux en fin de course , le CO2 libère un extrait odorant pur (parfois seulement une huile végétale selon la matière première utilisée). Ce procédé d'extraction est très écologique mais aussi plus coûteux. Ce type d'extrait est relativement récent, mais de plus en plus utilisé pour la fabrication d'un parfum naturel.
Ex. : curcuma, cardamome, café, coco, vanille, noisette...
C'est généralement à partir d'une huile essentielle que l'on produit un isolat ou une fraction. Ces derniers sont de plus en plus utilisés dans la fabrication d'un parfum naturel. L'extrait est placé dans une colonne chauffante spéciale où il est distillé sous vide. La différence de point d'ébullition entre les différentes molécules composant l'extrait conduit à leur séparation. Cette technique permet d'obtenir des fractions (plusieurs molécules ciblées), ou des isolats (une molécule particulière).
Ex. : fractions d'HE d'ylang-ylang : ylang-ylang I, II, III, extra... / isolat d'HE d'anis vert : aldéhyde anisique ; isolat d'HE d'eucalyptus : eucalyptol.
Des micro-organismes croissent dans des conditions spécifiques (substrat température, pH...) pour produire une ou plusieurs molécules. Ensuite, le milieu de culture doit être filtré puis purifié pour ne récupérer que l'extrait d'intérêt. Ce genre de production nécessite bien souvent le recours à des micro-organismes génétiquement modifiés. En effet, ces techniques augmentent la productivité ou permettent de produire des molécules qu'ils ne produisaient pas naturellement.
=> Poésie Parfumée, par son éthique, a fait le choix d'exclure de tous ses parfums les extraits obtenus par le moyen d'OGM. Cela même s'ils sont officiellement considérés naturels. Les extraits OGM servent de plus en plus dans la fabrication d'un parfum naturel (voire bio selon les conditions de culture des micro-organismes !). Voir définition du naturel dans Valeurs & Engagements.
Ex. : de nombreuses molécules à odeur fruitée, notamment des esters : acétates (hexyle, isoamyle...), caproates... / d'autres à la senteur florale comme la bêta ionone (violette) / mais aussi de nombreuses molécules pouvant aussi être isolées d'extraits naturels : citronellol, géraniol...
Autres informations utiles
N.B. 1 : une même plante peut fournir plusieurs extraits différents selon la partie utilisée et le procédé d'extraction choisi.
Ex. : le pressage des fruits de l'orange amère donne l'essence de zeste d'orange amère. La distillation de ses feuilles permet d'obtenir l'huile essentielle de petitgrain bigaradier. La distillation de ses fleurs donne quant à elle l'huile essentielle de néroli, conjointement à l'hydrolat de fleur d'oranger. Et leur extraction au solvant offre l'absolue de fleur d'oranger.
N.B. 2 : une même partie de plante peut donc aussi être la source de plusieurs extraits différents. À l'image de la fleur d'oranger, selon le procédé d'extraction choisi, les pétales de rose fournissent de l'huile essentielle avec de l'hydrolat, une absolue ou encore un extrait CO2.
Le véhicule ou support sert à diluer le concentré de parfum. Il joue également le rôle de conservateur et fixateur. Dans la parfumerie dite fine ou de corps, l'alcool, et plus précisément, l'éthanol est le principal support utilisé. Si la parfumerie classique peut utiliser de l'éthanol synthétique, la parfumerie naturelle n'utilise qu'un alcool naturel, d'origine naturelle. Celui-ci provient des ressources agricoles, qu'il soit issu de la fermentation de sucre de betteraves ou de canne à sucre, ou de grains (blé...).
=> Poésie Parfumée utilise un alcool pur (non dénaturé) et de qualité biologique issu de grains.
À la place de l'alcool, on utilise des huiles végétales pour réaliser des huiles parfumées, et des cires mélangées ou non à de l'huile végétale pour confectionner des parfums solides.
Au commencement, une idée, une inspiration... Le point de départ de toute création se passe à un niveau immatériel. Elle résulte d'un mélange entre les souvenirs, la culture, la connaissance des matières premières et les désirs du parfumeur.
Cet ensemble aboutit à une idée plus ou moins précise du parfum qui va naître, des ingrédients le composant, de son odeur finale, de sa thématique...
Ainsi, le parfumeur pourra rappeler des senteurs oubliées, évoquer des contrées qu'il a ou aimerait visiter... ou encore préférer exprimer un art plus abstrait...
Si on parle de recette en cuisine, le terme utilisé en parfumerie est "formule". La formulation est l'étape de réalisation du concentré de parfum. Après avoir choisi les matières premières qui composeront la formule du parfum, le parfumeur revient dans la matière. Il prend un carnet, une feuille ou un support numérique. C'est alors qu'il y note les ingrédients qu'il a sélectionnés et leur quantité (ou dosage). C'est ce que l'on nomme la formule.
Passons enfin à la pratique : les ingrédients (purs ou dilués selon la méthode) sont pesés un à un suivant les dosages définis puis mélangés. Parfois, s'ils sont solides, il faut chauffer les extraits afin de pouvoir les mélanger aux autres.
Une fois la pesée terminée, il est temps de sentir l'essai, afin de déceler les éventuels déséquilibres olfactifs, de le comparer au résultat attendu. Réussir au premier essai est bien rare, ainsi, plusieurs dizaines (voire centaines !) d'essais sont nécessaires pour en arriver à la version finale, celle que vous porterez.
Attardons-nous un peu sur le concept de pyramide olfactive sur lequel la technique traditionnelle de formulation d'un parfum repose...
Les senteurs perçues lorsque l'on se parfume, sont appelées des "notes". On les classe au sein de 3 grandes catégories en fonction de leur ordre de perception par le nez suite à l'application du parfum sur soi.
Si toutes les senteurs d'un parfum parviennent en même temps à notre nez, les notes de tête sont les premières que l'on perçoit. Elles sont l'introduction du parfum et comprennent les notes les plus volatiles. Leur dosage traditionnel dans le concentré de parfum varie de 15 à 20%. Ces notes sont fraîches, légères, pétillantes et comportent tous les agrumes, des notes fruitées, aromatiques...
Ex. : citron, pamplemousse, bergamote, cardamome, poivre noir, baies roses, verveine...
Ces notes constituent l’identité du parfum, son caractère. C'est la famille de notes la plus riche. Elle représente 30 à 40% du concentré de parfum. L’on y trouve la majorité des notes florales, épicées, aromatiques et quelques notes fruitées.
Ex. : rose, cannelle, davana, jasmin, osmanthus, ylang-ylang, violette, romarin...
Ce sont elles qui durent le plus longtemps, parfois plus d'une journée (et très longtemps sur les vêtements). Leur rôle est majeur car elles permettent de « fixer » les notes précédentes et sont responsables de la ténacité ou tenue d’un parfum. Elles participent de même au sillage de la personne qui le porte (impression olfactive que celle-ci laisse dans l’atmosphère). Dans la parfumerie traditionnelle, les notes de fond représentent au moins 50% du concentré de parfum. Les fixateurs sont des notes boisées, vanillées, musquées voire animales.
Ex. : santal, patchouli, vétiver, cèdre, vanille, benjoin, labdanum, oud...
Pour réaliser un parfum, on commence par ajouter les notes de fond (celles que l'on perçoit en dernier), puis les notes de coeur, et enfin les notes de tête.
N.B. : La ténacité se définit comme la persistance dans le temps de l’intensité ET de la qualité d’une odeur.
Une fois les ingrédients pesés, le concentré de parfum mature durant environ 2 semaines mais parfois plus longtemps. Le temps qui s'écoule alors permet au mélange de s'harmoniser, aux molécules de faire connaissance. Elles créent des associations qui concourent à l'obtention d'un tout olfactif homogène.
C'est une fois l'étape de maturation terminée que des additifs, bien souvent non naturels, sont fréquemment ajoutés au concentré de parfum en plus des ingrédients parfumants : colorants, conservateurs, filtres anti-UV, parabens... En parfumerie naturelle, seuls les additifs naturels sont (logiquement !) acceptés.
=> chez Poésie Parfumée, les parfums sont sans aucun additif de synthèse, et l'alcool joue très bien le rôle de conservateur. Le seul additif présent est un tanin naturel, issu de la Noix de Galle et destiné à prolonger la tenue du parfum sur votre peau.
Une fois le concentré de parfum devenu mature, et les éventuels additifs naturels intégrés, que l'on ajoute alors de l'alcool (éthanol), plus ou moins selon de type de parfum recherché. En effet, le terme "parfum" regroupe plusieurs types définis principalement par le taux de concentré dans le produit fini et le degré de l'alcool utilisé :
Cependant, ces valeurs restes indicatives, car il existe des EdT plus concentrées que des EdP. Finalement, ces dénominations relèvent en bonne partie de considérations marketing, sans qu'il y ait de consensus dans le monde de la parfumerie sur les définitions apportées.
La macération dure environ 2 à 3 semaines, parfois moins, parfois plusieurs mois. Mais le parfum continuera à évoluer, comme un bon vin qui se bonifie avec le temps !
Le Glaçage...
Cette opération est simple mais indispensable pour la fabrication d'un parfum naturel (et en général). Elle consiste à placer au froid le parfum macéré, à environ 0°C et pendant plusieurs heures (1 nuit). Cela a pour effet de précipiter les cires éventuellement présentes. Celles-ci doivent être éliminées car elles apportent un aspect trouble au parfum.
... puis la Filtration
Nous arrivons donc à la fin de la fabrication du parfum. Une fois "glacé", il est immédiatement filtré. Cette étape le débarrasse des cires mais aussi d'éventuelles autres impuretés présentes. On obtient un beau parfum translucide !
Il ne reste alors plus qu'à mettre le parfum en flacon, l'étiqueter et l'emballer dans son étui.
Après toutes ces étapes, le précieux élixir de beauté et de bien-être pourra vous être expédié dans les plus brefs délais et vous combler d'aise. Bon parfumage !
Après toutes ces étapes, pour un parfum, comme tout produit cosmétique, des tests et analyses divers rigoureux ont lieu pour en vérifier l'innocuité et la stabilité dans le temps. Cela est obligatoire pour sa mise sur le marché.
De ce fait, le parfumeur doit tenir compte, lors de la formulation, de la réglementation cosmétique en vigueur dans la zone de vente de ses parfums. En effet, des organismes officiels limitent ou interdisent l'usage de certaines substances pour prévenir les problèmes de santé chez les consommateurs.
En Europe, on s'en réfère au Règlement Cosmétique Européen (RCE), à valeur obligatoire, et à l'Association Internationale de la Parfumerie (IFRA en anglais) à portée internationale. Bien que cette dernière n'émette que des recommandations et n'a donc qu'une valeur de conseil, la profession suit très largement ses recommandations.
=> dans le but de préserver la santé de ses clients, Poésie Parfumée confectionne ses parfums en conformité
avec l'IFRA et le RCE.
Enfin, la réglementation en vigueur en Europe interdit totalement les tests sur les animaux pour tous produit vendus sur le continent (texte ICI - considération 43).
=> le respect du bien-être animal fait partie des valeurs de Poésie Parfumée, dans une démarche plus globale du respect du vivant dans son ensemble (Cf. Valeurs en Engagement).